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Petit histoire du toit en sagne :
Les toit en chaume ou sagne pour la Camargue était la technique majoritaire de couverture en France et en Europe jusqu'au moyen âge. Surtout en milieu rural. C'est le roseau qui était le plus utilisé pour réaliser ces couvertures (Qui se dit sagne en Camarguais). Mais la ou il n'y avait pas de marais, ou utiliser d'autres végétaux, comme le seigle par exemple. A partir de la révolution, cette technique a été progressivement abandonnée au profit de couverture en tuile ou en ardoise, notamment pour réduire la propagation des incendies dans les villages. La technique a encore perduré dans certaine zone jusqu'à l’après guerre puis a quasiment disparue. Elle est encore un peu utilisé dans certaines régions comme la Camargue ou dans l'ouest de la France, ou il existe encore qu'elles entreprises spécialisées qui la mettent en œuvre. En Camargue, c'est la technique traditionnelle pour réaliser la cabane de gardian.
Les techniques de toit en sagne :Il existe plusieurs techniques pour réaliser un toit en sagne, même si elles différent peu les unes des autres, il y a quelques variantes. Sur cette page sera présenté en détail celle qui a été utilisée lors d'un chantier au Marais du Viguerat en 2013. Il s'agit d'une des techniques traditionnelles. Cette technique est utilisée pour le toit comme pour les murs de la cabane. D'autres variantes seront présentées en bas de cette page.
Avec cette technique comptez environ un mois de travail pour une cabane de 30 m2, si possible à 2.
L'ossature bois :
La forme de la charpente correspond à la forme d'une cabane de gardian. Elle est adaptée au climat local, c'est à dire qu'elle a un côté arrondie orienté vers le nord qui fait face au mistral. Et une pignon au sud à l’abri du vent qui comporte la porte d'entrée et en général le conduit de cheminé. D'autres formes sont possibles. La pente est au minimum de 45° pour assurer un bon écoulement de l'eau sur le roseau. En dessous de 45° il faut prévoir un pare-pluie. Les maisons n'avaient pas d'étage, et du fait de cette forte pente, le mur de soubassement est très bas, environ 1 m. Seul le mur du pignon au sud peut attendre plus de 3 m.
Du fait de la légèreté de la toiture, l'ossature peut être de faible section.
De même , il n'y avait pas de fondation malgré les sols très peu porteur. L'ossature était enfoncée directement dans le sol marécageux ( au moins 1 m de profondeur en fonction de la résistance du sol). Il est recommandé d'utiliser des bois de classe 4 plus résistant à l'humidité. Du chêne dans notre cas. On peut utiliser du robinier, ou encore plus résistant du cyprès de Provence (classe 5).
L'ossature comporte 2 poteaux
verticaux, sur lesquelles repose une panne centrale faitière. Deux aisseliers relient les 2 poteaux à la panne faitière afin d'assurer le contreventement du bâtiment dans l'axe Nord-Sud. Les murs de 1 m de hauteur sont réalisés autours du bâtiment à une distance suffisante pour que la pente du toit ne reste supérieur à 45°. Avec un mur arrondie en bout. Puis des chevrons sont fixés entre ces murs et la panne faitière. Les chevrons devront dépasser du mur en partie basse pour assurer un débord suffisant qui protégera le mur ( min 30 cm). Il faut aussi prévoir un débord sur le mur pignon au sud. On peut envisager une panne intermédiaire si les chevrons sont de faible section, seul un calcul de structure peut le déterminer avec précision.
L'entraxe entre les chevrons dépendra du diamètre des condorses utilisées. En général autours de 50 cm.
Les condorses sont les baguettes sur lesquelles reposera et sera attachée la sagne. Elles sont horizontales et fixées perpendiculaire aux chevrons. Elle sont de préférence de section ronde pour favoriser le glissement du fil de fer. Elles était traditionnellement réalisées en baguette de saule de 2 à 3 cm de diamètre. Le saule étant flexible. Pour l'assouplir d'avantage il était laissé à tremper au préalable dans les fossés, notamment pour réaliser l'arrondie. Dans notre cas nous avons utilisé des liteaux pour les parties droites, et du tube en plastique souple pour l'arrondie. Des condorses doivent aussi être fixées sur les murs. L'entraxe entre les condorses doit être d'environ 33 cm. Il vaut mieux rajouter une condorse entre la 1er et la 2ème en partant du bas, pour bien tenir le 1er rang.
Réalisation des « manons » :Les manons sont des petits fagots de tige de roseaux qui seront ensuite cousus sur le toit pour faire la toiture. Le manons est attaché à un bout et fait environ 10 cm de diamètre, c'est à dire un cercle fait avec les 2 mains, d'où le terme manons. Comme souvent pour d'autres techniques traditionnelles c'est le corps humain qui sert de mètre étalon.
Si vous ne récoltez pas la sagne vous même, elle est vendu en gros fagot, dans lesquelles on fait environ 5 manons. Sur les fagots on distingue, deux côtés: le cul, qui est la partie base de la tige qui a été coupée, et en partie haute:le plumé ou la tête.
Pour réaliser un manon, on commence par faire un bobineau. C'est à dire que l'on enroule un fil de fer fin ( < 1 mm), autours d'un bâton. On l'enroule soit à la main en croisant bien au début, soit à l'aide d'une perceuse.
Pour ne pas s’abîmer le dos, on travaille sur une table ou des tréteaux.
Voici les différentes étapes :
On peut attacher les manons de n'importe quelle autre manière, vu que ce fil sera ensuite retiré une fois sur le toit. Mais c'est cette technique la plus rapide.
Il faudra 30 manons par m2, soit 6 fagots par m2. A environ 2,5€ HT le fagot (tarif 2013). Cela fait 15€ HT par m2 pour la sagne.
La pose des manons :
Voici les différentes étapes :
On doit avoir environ 15 cm d'épaisseur de roseau en tout.
La couture des manons :C'est le plus important, les manons doivent être solidement fixés et bien serrés les uns contre les autres. On utilise pour ça un bobineau, avec un fil un peu plus épais que pour faire les manons (au moins 1,2 mm). Le bobineau ne doit pas être trop épais. On utilise aussi un poignard en bois. (Les notre faisaient 2x8x35 cm). Il faut arrondir les bord, et si possible les faire légèrement en biseau.
Voir la vidéo de pose du 1er rang A partir du 2ème rang, on ne voit plus la condorse et le 1er rang nous empêche de passer le bobineau. On utilise donc le poignard, que l'on enfonce au travers du 1er rang sous la condorse. On le tourne ensuite, ce qui écartera les brins du 1er rang suffisamment pour laisser passer le bobineau. On enfoncera le poignard au dessus de la condorse (toujours depuis l'extérieur du toit), on le fait tourner, puis on passe le bobineau pour le sortir au travers du manon.
Il est préférable d'être 2 pour réaliser cette opération, un dehors, un dedans. Voir la vidéo de pose du 2ème rang
Le bandeau à la chaux :
Il assure l'étanchéité du faîtage. Il doit descendre en dessous des 2 dernières condorses, pour recouvrir les 2 fils de fer de couture du dernier rang. C'est à dire environ 80 cm sur les côtés et 1,2 m dans l'arrondie. Sur la face sud, soit on continue pour que les 2bandeaux se rejoignent, comme dans notre exemple. Soit on réalise 2 bandeaux qui descendent sur les côtés du pignon jusqu'en bas, il alors réalisé un coffrage en bois pour tenir le mortier. Généralement toute la façade sud est enduite, ainsi que les murs de côté.
Fixation du grillage :On commence par fixer un grillage galvanisé , qui doit être un peu moins large que le bandeau final. Il sert d'accroche, et arme le mortier. Traditionnellement il n'y en avait pas. Le grillage est attaché avec du fil de fer sur les fils des coutures des derniers rangs. Sur les côtés on déroule le grillage horizontalement, on les attaches ensemble au niveau du faitage. Dans l'arrondie, on déroule 2 bandes en diagonales de haut en bas, qui se rejoignent en partie basse au milieu de l'arrondie. Puis on rajoute un bout qui part de la pointe en haut du bâtiment (au niveau de la croix quand il y'en a une). En facade sud, on pose du grillage en haut du pignon, et sur les côtes si la chaux va jusqu'en bas, voir sur tout le mur.
Pour la croix en bois qui sort du toit, il faut l'entailler en biseau autours de la base de la croix qui sera prise dans le mortier. De sorte que le bois recouvre le mortier à cette endroit. Sinon il y'aura une fuite.
Le mortier :Le mortier est réalisé depuis l’après guerre en mortier de ciment. Ce qui est une erreur puisque d'une part il ne respire pas, ce qui détériore la sagne, et d'autre part il est très rigide, et donc fissure plus vite. La chaux est beaucoup plus adaptée. Nous n'avons pas pu retrouvé de maçon qui utilise encore la chaux de manière traditionnelle pour cet usage, ni de toiture datant d'avant guerre. Il est donc impossible de savoir quelle type de chaux était utilisée, et quel type de sable. Il est probable qu'il s'agissait traditionnellement de chaux aérienne, puisque la chaux hydraulique n'est apparue qu'au 19ème siècle. La chaux hydraulique est plus adaptée à cette épaisseur de mortier. Nous avons opté pour un mélange des deux, c'est à dire une NHL2. Une NHL 3,5 doit aussi faire l'affaire.
Pour ce qui est du sable , la couche de mortier fait entre 3 et 5 cm. C'est un peu épais pour un sable à maçonner 0/5, il y a un risque de fissuration. Pour éviter cette fissuration, nous avons ajouter du gravier et de la paille hachée. Le mortier ayant été posé en plein mois de juin par de fortes chaleurs (ce qui est à éviter), ca n'a pas été suffisant et il y a eu des microfissures. Dans l'idéale, il aurait fallu le faire en 2 couches et à une autre période.
Le dosage était le suivant :
Le mortier ne doit pas être trop humide, il doit être assez sec pour bien se tenir.
La pose du mortier :
La pose du mortier doit être faite dans la journée pour éviter un raccord. Sauf si on fait 2 couches, seul la 2ème doit être faite en une fois.
Il faut avoir le bras long pour bien arriver en haut. Et commencer par le haut pour la pointe au bout, car il y a 1,2 m.
Ne pas poser le mortier, par moins de 5°C ou plus de 25°C, ni pas temps de pluie. Préférer un temps couvert à la mi-saison. Plus le séchage sera lent, mieux ce sera.
Les murs :
La couture avec des aiguilles :Avant l'utilisation du fil de fer, on utilisait de la ficelle pour attacher les manons. Soit on procédait de la même manière qu'avec du fil de fer, avec un bobineau. Soit on pouvait utiliser des aiguilles. On utilise des aiguilles courbes de différentes tailles pour la plupart du toit. Et pour les derniers rangs on utilise des aiguilles droites assez longue. Cette technique permet de travailler seul.
La toiture en paillasson :Cette technique plus moderne utilise des paillassons à la place des manons. Il s'agit de tapis de roseaux cousus à la machine par une ficelle en nylon. On les trouvent dans le commerce sous forme de rouleau de 1 à 2 m de haut sur 5 m de long.
Pour faire une toiture, les paillassons sont un peu différent, ils sont cousus spécialement par l'entreprise Perret Il ne comportent que 2 ficelles en bas, et font 2 tailles :
La mise en œuvre est la suivante :
Pour le bandeau à chaux, la technique est la même que précédemment.
Cette technique est un peu plus onéreuse en matériaux, le paillasson étant plus cher. Mais elle demande au moins 2 fois moins de temps. Elle est utilisé depuis une quinzaine d'année sans problème pour le moment.
Toiture en seigle :Cette technique était utilisée dans les alpes jusqu'à l’après guerre. On utilisait du seigle, en fagot de 20 cm de diamètre attaché avec plusieurs brin de seigle enroulé ensemble. Les bâtiment avait 2 pentes, comme précédemment il y avait l'équivalent des condorses faite dans des petit troncs déligné sur 2 faces. Les fagots de seigle n'était pas cousus, mais pris en sandwich entre la condorse et un liteau attaché par un fil au travers des fagots. Ce liteau était recouvert par le rang du dessus. Le faîtage était aussi fait en fagot de seigle à cheval sur les 2 pans de la toiture. La toiture était plus épaisse, plus de 20 cm.
Remerciement :
Les sagneurs :
Et aussi :
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