Le terre-paille

La technique consiste à fixer des chevrons, ou des planches verticalement qui servent d'ossature. Un espacement maximum de 50 cm est préférable, au-delà c'est moins solide surtout pour les cloisons.

On peut aller jusqu'à 80 cm d'entraxe avec une ossature adaptée en 3 épaisseurs (triple nappes).

Ensuite, il suffit de fixer des banches de chaque côté de la cloison, ou d'un seul côté si c'est contre un mur existant.

Il faut ensuite réaliser le mélange de terre paille, composé de:

- Pour une botte de paille standard : 100cmX50cmX35cm. Préalablement décompactée à la main ou à la fourche.

- 2 à 4 seaux de terre par botte pour autant d'eau (le dosage dépend du taux d'argile de votre terre). Il est préférable de laisser tremper la terre quelques heures avant dans l'eau.

La terre est mélangée à l'eau avec un malaxeur à main ou une bétonnière, il doit être assez liquide. Réaliser le test du gant pour vérifier la bonne teneur en argile du mélange (Voir vidéo)

Ensuite verser les seaux sur le tas de paille et mélanger avec une fourche. On peut utiliser un "truellossoir" (voir vidéo)

Le malaxage de la barbotine

Le truellossoir en action

Le mélange doit crisser au froissage de la paille. Le mélange est plus facile à mettre en œuvre si il a reposé une nuit.

Mettre une couche de 10 à 20cm de ce mélange entre les banches et bien tasser avec un bâton en insistant dans les coins et contre les banches. Recommencer l'opération jusqu'en haut de la banche.

En faible épaisseur, pour tenir le terre paille, tous les 50 cm, je fixe un morceau de canne de provence horizontalement, ainsi que quelques clous sur l'ossature.

On peut retirer les banches tout de suite, les fixer plus haut et continuer le mur.La aussi c'est mieux de les laisser en place une nuit, mais pas plus.

Un coffrage perdu en grillage à poule (galvanisé) fait très bien l'affaire. (chantier café villageois à Lauris 84)

Le pétrin de boulanger est aussi un bon moyen de mélanger le terre-paille et le torchis.

Une fois arrivé en haut du mur, il reste un espace de 20 cm de haut ou l'on ne peut plus tasser.

Faite un mélange plus collant, avec plus de terre et remplissez en tassant à la main.

On peut éventuellement remettre une banche pour bien écraser le mélange.

On peut aussi mettre un peu de plâtre (10%) dans la barbotine pour que ça durcisse plus vite à cet endroit.

Le séchage est assez long, plusieurs semaines jusqu'à 3 mois (voir +) en fonction du dosage en terre, du climat et de l'épaisseur du mur.

Des grains de blé peuvent germer quand le séchage est lent. Quand ils sont desséchés, c'est que c'est sec !

Tant que les murs sèchent, ils restent un peu fragiles, une fois sec, ils sont étonnants de solidité.

1 botte de paille (100x35x50 cm) permet de réaliser environ 2 m² sur 7 cm d'épaisseur.

(0,18 m3 (180 l) de botte = 0,14 m3 (140 l) final soit une perte de 30% du volume).

Temps de réalisation : Une fois l'ossature réalisée, pour 20 cm d'épaisseur, environ 2 à 3 m2 par jour et par personne.

Un bricoleur a inventé un mélangeur à terre-paille, à bricoler avec un moteur, 2 bidons de 200l et une chambre à air.

Qui semble très efficace pour le mélange et doit pouvoir réduire le temps de mise en œuvre.

La technique en vidéo

Terre paille et confort thermique :

Le pourvoir isolant du terre paille est difficile à quantifier, puisqu'il dépend de la quantité de terre que vous avez mis et du tassement.

Le lambda est moins bon que la paille seule, toutefois les derniers essais Cofrac ne sont pas si mauvais :

Pour une densité de 212kg/m3 : Le lambda de 0,078W/m.K
Pour une densité de 330kg/m3: Le lambda est de 0,1 W/m.k
Pour une densité de 212kg/m3: Le lambda est de 0,078 W/m.k

Tous les résultat et bien d'autres sur ce site: https://terrepaille.fr/conception

C'est 2 fois moins performant qu'un isolant en laine végétale par exemple.

Mais pourtant, dans la réalité, la consommation énergétique des maisons en terre paille est très faible, elle contredit les études thermiques. Et surtout le confort thermique est excellent, surtout l'été en climat chaud.

Rien d'étonnant à cela, puisque la présence de terre crue permet :

- d'apporter de l'inertie.

- de favoriser les échanges de vapeur d'eau, dont nous savons maintenant le rôle essentiel qu'ils jouent dans la régulation thermique d'un bâtiment, hiver comme été (plus d'explications dans notre page sur l'humidité).

Ces deux facteurs essentiels du confort thermique, sont malheureusement peu, voir pas du tout pris en compte dans les études thermiques. Notamment dans la Réglementation Thermique, obligatoires à l'obtention d'un permis de construire.

Cela explique que les prévisions de consommation thermique des bâtiments contenant de la terre crue sont toujours sur-estimés par rapport à la réalité.

Enduit sur terre paille:

2 cas de figures :

Si votre terre-paille est un peu mou parce que très léger (du coup un peu trop léger s'il est mou !). On va l'enduit comme une botte de paille. C'est-à-dire avec un gobetti d'argile ou de chaux.
Si votre terre-paille est suffisamment dure, vous pouvez l'enduire comme vous le feriez pour un mur en maçonnerie. Plus il y'a de terre, plus il faudra humidifier le mur.

Mais attention, seuls les enduits respirants sont conseillés.

A l'extérieur, si le mur n'est pas abrité de la pluie : uniquement des enduits chaux.
A l'intérieur, plâtre, enduits chaux et le plus couramment un enduit de terre.

Essayez d'appliquer les mêmes règles de perspirance que pur la botte de paille. Même si le terre-paille est beaucoup (vraiment beaucoup) plus résistant à l'humidité que la botte de paille. Mais pas autant que le chaux chanvre.

Si des bois sont apparents, il est préférable de mettre une trame pour fibrer l'enduit à cet endroit. Et si le bois fait plus de 5cm de large, il vaut mieux y mettre un matériau qui accroche l'enduit, comme de la canisse ou du paillon en roseaux.

Quand enduire ?

Et bien quand le mur est sec!! (ou presque)

Comment sais-t-on que le mur est sec ?

On peut le mesurer avec un humidimètre, mais ce n'est pas évident, car ils n'ont pas de réglage pour le terre-paille. La mesure indiquée est souvent exagérée.

Il y'a d'autres indicateurs :

A minima, le mur dois être sec au toucher. Mais ce n'est suffisant, car il peut être encore humide à l'intérieur.
Si des grains de blés ont germés, quand les brins d'herbes jaunissent, c'est que c'est sec (vous pouvez moissonner!).

Ça prend combien temps en général ?

Ça va dépendre :

De l'épaisseur du mur.
De la quantité et du type de terre.
De la quantité d'eau que vous aviez dans la barbotine.
Du temps qu'il fait dans les semaines qui suivent. L'idéal, c'est sec avec du vent.
De l'exposition au soleil de votre mur. Si vous êtes sur une cloison intérieure, c'est forcément plus long.

Pour être très précis, ça peut prendre entre 2 semaines et 6 mois. ( ce n'est pas assez précis ?)

Dans tous les cas, ventilez bien le bâtiment, même s'il fait froid.

Que se passe-t-il si j'enduis sur un mur pas complètement sec?

Il y'a plusieurs risques :

Si la terre à beaucoup de retrait et que le terre-paille est chargé. Il va continuer à rétrécir, et des fissures vont apparaître contre les bois.
Si vous êtes à une période humide, l'enduit peut moisir, voir même le mur. Si des champignons noirs apparaissent, ce n'est pas génial. (Les petits filaments blancs en surface, c'est moins gênant).

Il nous est arrivé d'enduire assez vite parce qu'on était en plein été et qu'on savait que ça allait sécher vite. Mais sachez que vous prenez un risque.

Un exemple de chantier ou l'on voit quelques détails de réalisation.

Le terre-paille se prête bien au chantier participatif.

Peux t-on préfabriquer le terre paille?

Oui évidemment, on peut faire des briques dans un moule , ça permet d’accélérer le séchage et d'avoir une pose à sec. Le terre-paille devra être un peu plus chargé en terre pour bien se tenir.